Renault Landaulet biplace 1905
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En quarante ans de cette passion je pensais avoir tout vu quand m’est apparue cette pièce de musée, tout droit sortie d’un château.
Près de 120 ans après sa construction cette délicieuse Renault type AG à carrosserie Landaulet nous dévoile ses finesses insoupçonnables. La qualité des matériaux (cuir, bois, fer forgé et riveté) associée à la maîtrise de sa réalisation en font une œuvre remarquable des tout-débuts de l’ère de l’automobile.
Interrogé, le conservateur du musée de Compiègne, à la tête d’une collection de référence de véhicules hippomobiles n’identifie aucun constructeur référent. Ce sont donc très certainement des artisans de talent qui l’ont réalisée en reprenant les cotes de la voiture du châtelain, pour son ou ses enfants.
Les initiales GBP, inscrites en monogramme sur le capot alligator et frappées dans le cuir du siège conducteur, sont à priori les références du ou des enfants de la famille. Cette automobile possède 2 sièges (un conducteur et un passager) : des jumeaux ? des amis ? A ce jour mes recherches sont restées infructueuses pour une meilleure identification.
D’une longueur de 2m pour une hauteur de près d’1,40m, la taille est inhabituelle. Ses roues de landau gainées de cuir sont entrainées par un pédalier et une chaine de type Vaucanson. Face à la finesse des roues, seuls à cette époque des parterres ou allées de châteaux peuvent permettre de rouler. Nous remarquons un crochet d’attelage à l’avant et une poignée arrière permettant de la tirer en laisse par un animal (chèvre, chien) et de la guider par un adulte. Les couronnes de pédalier laissent penser que le pilote accompagnait simplement le mouvement de la voiture mais ne pouvait, au poids de celle-ci, en avoir l’autonomie de déplacement.
Détaillez ses décors, jusqu’à son intérieur couvert de cuir, ou encore ce siège rabattable et cette trompe en forme de serpent tout en laiton. Remarquez ce bouchon réaliste de radiateur, ses lanternes à bougies, ses marchepieds taillés à la scie en long comme en témoignent les traces de sciage, ses louvres de capot, ses décors des vitres, ce volant d’une seule pièce de bois…ou encore ses suspensions, cette poignée de frein (frein à main fonctionnel sur un disque de bois au pont) délicatement marquetée avec du laiton.
Sa patine est intacte, le temps ayant un peu jauni les vernis.
Laissons la s’ensommeiller et regardons là dormir en silence, en comptant les secondes de bonheur que nous partageons en sa présence… protégeons la !
Photos Bernard Canonne pour Rétroviseur Magazine
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